Gardons confiance en l’Argentine ! - Une tribune de Jean-Pierre LOUBINOUX

  • Jean-Pierre LOUBINOUX DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’UNION INTERNATIONALE DES CHEMINS DE FER
Notre relation bilatérale s’appuie sur un important socle de valeurs communes.
Jean-Pierre LOUBINOUXPrésident du Conseil d'entreprises France-Argentine
Notre relation bilatérale s’appuie sur un important socle de valeurs communes.
Jean-Pierre LOUBINOUXPrésident du Conseil d'entreprises France-Argentine

Même si la délégation de chefs d’entreprises en Argentine, prévue du 24 au 26 septembre, a dû être décalée de deux jours, j’ai choisi de me rendre à Buenos Aires et d’encadrer plusieurs chefs d’entreprises faisant également le déplacement depuis leur siège parisien. Cela constitue un signe de confiance fort de la part du secteur privé français en la capacité des autorités argentines à faire face à leurs actuelles difficultés.

L’important Forum économique organisé par la Chambre de Commerce Franco-Argentine, prévu le 25 septembre, est maintenu et aura lieu le 27. Plus de 150 personnes de haut niveau ont confirmé leur présence à cet événement majeur.

L’Argentine est un partenaire économique majeur de la France dans la région. Près de 250 entreprises françaises y sont établies, représentant 50 000 emplois directs. Les échanges commerciaux entre la France et l’Argentine ont atteint 1,3 Mds EUR en 2017. Notre pays est le 5ème investisseur étranger en Argentine (3 Mds EUR). Nos entreprises ne sont pas épargnées par la crise actuelle, mais portent un message de confiance.

Force est de constater que, prise dans une spirale inflationniste, l’Argentine affronte une crise économique majeure. Toutefois, outre qu’elle soit liée à des conditions climatiques exceptionnellement difficiles provoquant des récoltes désastreuses, la forte dépréciation du peso argentin s’explique avant tout par des facteurs externes, en particulier la hausse du dollar et du taux des bons du Trésor américain. L’Argentine est d’ailleurs loin d’être le seul pays a en souffrir.

Le gouvernement de M. Macri a pris des mesures fortes. Ainsi par exemple l’accroissement des taux directeurs de la banque centrale à 40%, puis 60%. L’objectif de déficit fiscal de cette année a également été baissé de 3,2% à 2,7%. Sans oublier, bien entendu, le recours au FMI, dont le programme d’aide de 50Md $ est le plus important de l’histoire du FMI.

Au-delà des mesures visant à résorber la crise, des réformes courageuses ont été prises et assumées depuis deux ans, comme la levée du contrôle des changes. La fameuse « réouverture au monde » de Macri n’est pas remise en question par le contexte actuel. Au contraire. La réouverture au monde de l’Argentine est un engagement sur la durée, tandis que cette crise semble conjoncturelle.

Notre relation bilatérale s’appuie sur un important socle de valeurs communes. Il s’agit d’une relation ancienne, profonde, dynamique. Elle fut renforcée par la visite d’Etat du président Hollande en février 2016 ainsi que l’entrevue entre le président Macron et le président Macri en janvier 2018.

Intervenant devant plus de 80 hommes d’affaires français le 26 janvier dernier, le président Macri a réaffirmé son engagement en termes d’amélioration du climat des affaires et d’assainissement des finances publiques. C’est un processus souvent douloureux, mais indispensable. Les entreprises françaises sont conscientes des efforts que font leurs partenaires argentins afin de ne pas obérer le développement de ce pays aux atouts bien connus : main d’œuvre qualifiée, importance de l’éducation, ressources agricoles et énergétiques…

Je suis confiant dans cette vision partagée d’ouverture pour un meilleur dynamisme économique international. Espérons que les derniers événements ne conduisent pas l’Argentine, ni d’ailleurs ses voisins, à se renfermer sur eux-mêmes en adoptant des mesures protectionnistes et contre-productives au détriment de leur avenir et de leurs projets communs.